Le repreneur
Alain Mandine, ingénieur de formation passé par l’ICAM Lille, a 55 ans au moment de la reprise. Il a travaillé pendant 30 ans dans le secteur des télécommunications, de l’électronique et des systèmes d’information. Après avoir acquis une forte expérience technique, il devient directeur commercial d’une branche d’un grand groupe de télécommunications avec une expérience de l’export. Rejoignant une importante SSII en 2003, il y prend la direction d’une business unit. En 2011, il crée la société OCIS de conseil en industrialisation des processus et de gestion de projets. Elle deviendra sa holding de reprise 4 ans plus tard. Après une première recherche d’entreprise à reprendre, qui n’aboutit pas, il décide de se donner plus de temps, d’autant plus que ses critères sont sélectifs : volonté de trouver une cible dans son domaine de compétence, d’une taille de 15 à 20 personnes et réalisant un chiffre d’affaires de 3 à 5 millions d’€. En 2013, il rejoint le CRA et demande à la CCIP de lui proposer une liste d’entreprises susceptibles de l’intéresser.
L’entreprise
Un concours de circonstances fait qu’après la signature d’une première LOI pour la reprise de la société Arditec, on lui propose une nouvelle opportunité. Les deux entreprises faisant synergie et sur les conseils de son expert-comptable, « l’histoire ne repasse pas 2 fois les plats », Alain Mandine décide de reprendre les 2 sociétés en même temps. Celles-ci réalisaient en cumulé un chiffre d’affaires de 6 millions € et employaient 40 personnes. Il concrétise sa logique de croissance externe en une seule étape ! De plus, dans les 2 sociétés, les valeurs des cédants et leurs méthodes de management correspondaient à ses critères de recherche.
La reprise
Ne souhaitant pas faire appel à un fonds qui l’obligerait à revendre au bout des 5 ans habituels, Alain Mandine fait entrer son fils au capital d’OCIS à hauteur de 25 %. Le tour de table étant bouclé, le financement des acquisitions va se révéler délicat. Après avoir obtenu un prêt personnel d’Initiative France de 75k€ et de Bpifrance de 200k€, Alain Mandine négocie des crédits vendeurs. Il peut ainsi balayer les craintes des banques sur la reprise des 2 sociétés dont une présentait, au moment de l’acquisition, des problèmes de trésorerie. BNP Paribas et la Société générale lui accordent un prêt de 600k€ remboursable sur 7 ans. Les résultats des années post-reprise montreront que les synergies ont bien été réalisées et que les résultats permettent d’envisager sereinement le remboursement de la dette. La bonne coopération des 2 cédants, tant sur le délai de réalisation de la cession (un an après la LOI) qu’en terme d’accompagnement (l’un des 2 dirigeants est resté 21 mois dans l’entreprise) a contribué au succès de la reprise.
Le développement de l’entreprise
En reprenant 2 entreprises de taille moyenne, le repreneur avait pour ambition de commencer à constituer un groupe industriel dans un secteur d’activité qu’il connaissait bien. Dès la reprise, Alain Mandine peut ainsi mettre en œuvre une politique de synergie et de développement commercial mais également de recherche et de développement. Les 2 entreprises vont bénéficier de la création formelle de bureaux d’études, avec l’embauche de 7 personnes, embauches qui donnent lieu à l’obtention d’un crédit d’impôt recherche (CIR). Grâce au recrutement de 3 commerciaux, les entreprises vont disposer d’un vrai service commercial pour développer le chiffre d’affaires tant au national qu’à l’export. La liste des clients et le nombre de pays concernés (une vingtaine) sont impressionnants. La production, de bonne qualité, a été industrialisée avec la mise en place d’un ERP de production identique pour les deux sociétés et l’automatisation. La politique RH, renforcée par le recrutement d’une responsable, vise à ne recruter qu’en CDI sachant qu’un plan d’intéressement sur l’ensemble du groupe sera mis en place en 2019.
Les résultats des actions menées
Il est logique qu’avec les actions menées le groupe ait augmenté son chiffre d’affaires et sa rentabilité. Le personnel est passé de 40 à 69 salariés puis à 101 en 2018, avec la reprise, en juillet, d’une troisième société dont l’activité et la clientèle sont voisines des 2 précédentes. Le groupe ainsi constitué devrait réaliser 13 millions d’euros de CA en 2018.
La fierté du dirigeant
Le principal motif de fierté du repreneur est d’être parvenu en trois ans et avec la reprise de 3 sociétés à constituer en France un ensemble industriel capable de rivaliser avec l’Asie, tout en mettant en place une politique RSE dynamique (comme en témoigne notamment l’embauche de 20 chômeurs).
L’appréciation du CRA
Alain Mandine a su prendre son temps pour trouver les cibles qu’il souhaitait. Pour cela, il a créé sa société de conseil lui donnant les moyens de mûrir son projet et de professionnaliser sa démarche. Les reprises et le management de celles-ci sont exemplaires.